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Le Blog de l'Esterel
14 juin 2010

vive le foot !

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Afrique du sud, un long chemin vers le Mondial

http://www.humanite.fr/Afrique-du-sud-un-long-chemin-vers-le-Mondial


L’histoire du football sud-africain et celle du mouvement de libération ont toujours été étroitement liées. Cette coupe du monde est également le fruit de ce combat pour la liberté. Reportage.
Dans l’Humanité de vendredi, 20 pages spéciales réalisées au pays de Mandela
.

Johannesburg, envoyé spécial.

Il ne verra pas « sa » coupe du monde, aboutissement d’un demi-siècle de combat antiraciste. Ce Mondial, c’est un peu le sien. Il le partage avec des milliers d’autres combattants de la liberté. Son nom n’évoque pas grand-chose en Europe, et peut-être même en Afrique du Sud. Pourtant, Dennis Brutus, qui s’est éteint le 26 décembre dernier à l’âge de 75 ans des suites d’un cancer de la prostate, fut un pionnier, l’un de ceux qui, dès les années 50, posaient les jalons d’un monde sportif « non racial ». En 1959, il a participé à la création du South African Sports Association (Sasa), première fédération nationale qui ne reposait pas sur le critère de la couleur de la peau. Trois ans plus tard, avec, entre autres, l’écrivain Alan Paton (Pleure, mon pays bien-aimé) et le prêtre Trevor Huddleston, il fonde le Sanroc, le premier comité olympique non racial, qui mènera campagne et obtiendra l’exclusion de l’Afrique du Sud ségrégationniste du mouvement olympique. C’est peut-être l’une des caractéristiques du mouvement de libération sud-africain que de n’avoir pas « saucissonné » les combats. Pas de spécialisation dans la lutte. Militant, Dennis Brutus était également un éducateur, un journaliste et un poète.

Il a payé son combat d’une balle dans le dos, d’années de prison à Robben Island - où il occupait la cellule voisine de celle de Mandela -, puis il a connu l’exil. Pour le mouvement anti-apartheid, le sport et le football, qui devenait populaire au fur et à mesure de l’urbanisation, ont toujours été autant de lignes de front aussi privilégiées que naturelles. Tout en étant président de l’ANC et prix Nobel de la paix en 1960, Albert Luthuli fut, selon ses propres mots, « un fan compulsif de football ». Il avait d’ailleurs fait ses premières armes politiques sur le terrain sportif : en 1946, Luthuli participe à la création d’une fédération « non raciale » dans la région du Natal, un premier pas vers la création, en 1951, de la Fédération nationale de football anti-apartheid (SA Soccer Federation).

Le foot, partie d’un combat plus large pour l’égalité

Lors d’une conférence donnée à Johannesburg en mai, l’historien Peter Alegi expliquait : « Luthuli faisait le lien entre le football et les droits humains en défendant le droit des Africains à jouer au football. Le football était une partie d’un combat plus large pour l’égalité. » Voilà exactement de quoi il s’est agi : d’un combat pour l’égalité. Long combat, parfois isolé, toujours difficile. La Fifa n’exclut l’Afrique du Sud de ses rangs qu’en 1976. Un combat où le foot est à la fois un révélateur et un accélérateur.

« Le football a vaincu les barrières "raciales" que le gouvernement a créées et il est devenu une force mobilisatrice contre l’apartheid », écrit Joe Latakgomo, journaliste au quotidien The Sowetan dans son récent livre, Mzansi Magic retraçant l’histoire du football sud-africain. Dans les années 50, la pratique sud-africaine de doter les joueurs de surnoms vire au défi du pouvoir blanc. Ainsi, Samuel Gumede décroche-t-il « Aarah », mot qui alertait dans les townships de l’arrivée des policiers. Ben Khule hérite de « Walk Tall », en référence à un classique du jazz sud-africain qui encourage les Noirs à rester fiers. Dans les années 60, les frères Pahad, Esop et Aziz, qui deviendront ensuite ministres sous Thabo Mbeki, créent un club de foot qu’ils appellent « Dynamo ». La référence à l’équipe soviétique de Kiev échappe à la censure. Les deux militants communistes ont réussi leur coup.

En 1978, les championnats noir et blanc fusionnent faisant du football le premier sport « intégré », et l’année suivante, les Kaizer Chiefs, l’une des trois équipes de Soweto, brise une nouvelle digue en embauchant le premier Blanc de l’histoire du club, Lucky Stylianou. En 1988, lorsque les spectateurs regardent les matchs du championnat diffusés à la télévision, ils voient des milliers de poings se lever et des milliers de supporters entonner l’hymne de l’ANC - Nkosi Sikelel iAfrika (« Que Dieu bénisse l’Afrique »). Les jours de l’apartheid étaient comptés. De là à simplement imaginer organiser, douze ans plus tard, la Coupe du monde de football.

Christophe Deroubaix

L'HUMANITE



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