plus Pauvres, plus Riches
Commentaire par Ulrike Bieritz, Rundfunk Berlin-Brandenburg, studio de l’ARD à Berlin
Comme a pu le constater à maintes reprises l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), l'Allemagne est sur la mauvaise pente. Régulièrement reléguée aux derniers rangs du classement Pisa pour les systèmes éducatifs, la voici qui se rapproche de la moyenne établie par l’OCDE pour la pauvreté et la richesse. Les pauvres ne cessent de s’appauvrir, et les riches de s’enrichir – notamment en Allemagne.
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Le fossé se creuse entre riches et pauvres
Les
catégories aisées ont vu leurs revenus progresser très fortement ces
dernières années, tandis qu’un nombre croissant de personnes n’a guère
plus que le strict minimum pour vivre. Fait inquiétant, la pauvreté
infantile a tellement augmenté qu’elle se situe désormais au niveau de
la République tchèque, du Canada et de la Nouvelle-Zélande.
Ce
constat qui n’apporte rien de véritablement neuf va dans le même sens
que Rapport du gouvernement fédéral sur la pauvreté et d’autres études
menées depuis des années déjà. L’OCDE, qui a passé 30 pays en revue
entre 1985 et 2005, corrobore ces données et les rappelle une nouvelle
fois à notre mémoire.
La glissade se poursuit
Les raisons de ce déclin sont vite trouvées : chômage élevé ; multiplication des familles monoparentales et des ménages unipersonnels mais pas d’ajustement du système fiscal, qui reste calqué sur le mariage traditionnel ; prestations redistributives ne parvenant pas aux nécessiteux ; augmentation de l’emploi précaire. Peut-être l’amélioration attestée par l’OCDE pour 2007 est-elle scientifiquement exacte et pertinente sur le court terme en raison de la diminution du chômage résultant d’une meilleure situation économique. Il n’empêche que la glissade va se poursuivre : coup d’arrêt à la conjoncture, crise bancaire, récession. L'Allemagne est en passe de rétrograder au rang des pays que l’OCDE classe dans la moyenne inférieure – pour ainsi dire dans la misère.
Cela dit, l'Allemagne reste une nation prospère, elle fait partie des pays donateurs, elle dispose d’un système de santé et de prévoyance sociale dont rêvent les citoyens d’autres pays, des États-Unis par exemple. Elle injecte des sommes colossales dans les systèmes sociaux pour venir en aide aux plus démunis, mais ces montants n’arrivent pas à destination et ne sont d’ailleurs pas prélevés sur les nantis. La classe moyenne est perdante. Il est déprimant de constater qu’avoir des parents pauvres, c’est être généralement condamné à rester soi-même pauvre. Aucun autre pays ne compte autant de ménages au sein desquels absolument plus personne ne va travailler.
Le travail doit payer, et par conséquent se payer
Injecter davantage d’argent dans les systèmes sociaux n’est pas la solution. En revanche, les sommes redistribuées doivent aller à leurs destinataires, le système doit épouser les changements. Le plan Hartz IV, consistant à encourager le travail et non pas le chômage, est une démarche qui va dans le bon sens. Grâce à une conjoncture soutenue, les personnes ayant retrouvé un emploi sont plus nombreuses. Mais il n’est pas tolérable qu’elles soient si peu rémunérées, au point de devoir solliciter une aide complémentaire de l’État. Le travail doit payer, et par conséquent se payer. Quelque chose tourne sacrément de travers dans un pays où ceux qui ne travaillent pas ont davantage d’argent que celles qui, jour après jour, font leurs heures au salon de coiffure ou au supermarché. Dans un pays où il est normal de vivre des allocations Hartz IV.
L’économie ne doit pas simplement exiger
Peut-être les politiques peuvent-ils aménager le cadre général et faire en sorte que l’argent arrive à la bonne adresse, sans par ailleurs récompenser celles et ceux qui se prélassent sous la couverture sociale. De même, l’économie doit y mettre du sien : le travail doit se payer, exige l’OCDE. Le travail doit payer, réclament les travailleurs. De mon point de vue, l’économie elle aussi est responsable de ce pays et de ses citoyens. Elle ne peut pas simplement prendre et, à l’image des banques actuellement, demander de l’aide pour se tirer du pétrin grâce à notre argent, c’est-à-dire à l’argent des contribuables. Les entreprises fonctionnent grâce aux personnels qui font tourner la boutique. Et toute peine mérite un juste salaire.
Source : www.tagesschau.de
Edité le : 04-11-08
Dernière mise à jour le : 10-11-08
Les principaux résultats de l'étude de l'OCDE.