30 idées reçues sur l'emploi et les métiers
30 idées reçues sur l'emploi et les métiers, hors-série poche n°42 janvier 2010 |
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Editorial
Au-delà des stéréotypes
(article en accès libre)
Permettre à chacun de disposer d'une information de qualité sur
l'insertion, l'emploi et les métiers, tel est l'objectif des guides
proposés annuellement par Alternatives Economiques depuis
2004, en partenariat avec l'Onisep et avec le soutien de l'Agefa PME.
Nous avons cette année fait oeuvre originale, en réalisant un best of des idées reçues dans ce domaine.
Idées reçues sur l'insertion
L'école fabrique des chômeurs
Le développement économique de nos sociétés est intimement lié à
l'élévation du niveau d'éducation. L'amélioration du lien entre
formation et emploi peut réduire le chômage, mais celui-ci dépend de
bien d'autres facteurs.
L'apprentissage, c'est seulement pour les métiers manuels
Si la voie de l'apprentissage conduit encore une fois sur deux à un CAP
ou un BEP, elle est de plus en plus empruntée pour préparer un bac ou
un diplôme de l'enseignement supérieur dans des spécialités variées.
Cette évolution nourrit la croissance globale du nombre d'apprentis,
liée à une volonté conjointe des pouvoirs publics et des partenaires
sociaux de promouvoir ces formations.
Le lycée professionnel est une voie de garage
Grâce au caractère concret de ses apprentissages, le lycée
professionnel permet à de nombreux jeunes de trouver une motivation
nouvelle pour les études. Ces élèves connaissent par ailleurs une bonne
insertion sur le marché du travail.
Les diplômes ne valent plus rien
Si cette affirmation est rarement formulée dans des termes aussi
radicaux, elle renvoie néanmoins à une conviction largement partagée :
les diplômes d'aujourd'hui vaudraient sinon rien, en tout cas moins que
ceux d'hier. Pas si simple. Explications.
Il suffit de parler anglais pour faire carrière
Si la maîtrise de l'anglais est devenue une condition indispensable
pour accéder à certains emplois, ce n'est toutefois pas une condition
suffisante. La connaissance d'une seconde langue étrangère est aussi
nécessaire dans les métiers internationaux.
Les grandes écoles sont réservées à une petite élite
Une grande majorité des élèves admis dans les écoles d'ingénieurs ou de
commerce est issue des milieux favorisés, pour des raisons économiques
mais aussi culturelles. D'autres voies d'entrée parallèles aux classes
préparatoires existent néanmoins. Des dispositifs comme l'apprentissage
contribuent également à diversifier les publics.
Idées reçues sur les métiers
On ne sait pas quels seront les métiers porteurs dans dix ans
Les emplois de demain existent déjà aujourd'hui pour
la plupart d'entre eux, même si les mutations techniques, économiques et sociales en modifient les contours et
le nombre en permanence.
Nous allons devoir changer cinq fois de métier au cours de notre vie
Certaines personnes font encore le même métier toute leur vie,
quand d'autres changent de voie au cours de leur carrière, par choix ou
par nécessité. La mobilité est en fait aujourd'hui plutôt moindre que
durant les Trente Glorieuses, car celle-ci dépend avant tout de l'état
du marché du travail.
Le développement durable va créer beaucoup d'emplois
En modifiant nos modes de vie, le passage à une économie soutenable
réorientera en profondeur l'activité de nombreuses filières
industrielles, du bâtiment, etc. Mais là encore, plus qu'à l'apparition
de nouveaux métiers, c'est à la transformation de ceux qui existent
déjà que nous devrions assister.
Quand
le bâtiment va, tout va !
Oui,
le bâtiment est
un secteur fortement soumis aux aléas de
la conjoncture. Cependant, en dépit de
la crise, l'embauche est restée dynamique dans les métiers les plus qualifiés.
L'industrie va disparaître
Certes, le nombre d'emplois industriels a fortement baissé en trente
ans, mais pas tant sous l'effet des délocalisations que du fait des
gains de productivité continus et de l'essor des services aux
entreprises. Il ne faut donc pas assimiler trop vite la chute de
l'emploi industriel à un déclin de l'industrie française.
Les services à
la personne ne requièrent aucune qualification
L'emploi dans les services à la personne a connu un essor rapide qui
devrait se poursuivre dans les prochaines années. Et en dépit de ce que
l'on croit, les métiers de ce secteur requièrent la mobilisation de
compétences qui mériteraient d'être mieux reconnues.
Il n'y a plus de métiers accessibles aux non-diplômés
Malgré l'élévation des compétences et des connaissances nécessaires
pour occuper un nombre croissant d'emplois, de nombreux métiers peuvent
encore être exercés par des non-diplômés. Pour autant, ceux-ci, et
notamment les jeunes sans expérience, peinent à s'intégrer dans
l'emploi, surtout en période de montée du chômage.
Il n'y a plus de métiers, juste des fonctions
La multiplication des tâches fonctionnelles dans les entreprises et les
administrations a pu accréditer l'idée que les "vrais métiers" étaient
en train de disparaître. En fait, la quasi-totalité des professions
continue de mobiliser des savoir-faire et des compétences très
spécifiques.
Tous les fonctionnaires travaillent pour l'Etat
L'Etat est loin d'être le seul à employer des fonctionnaires. Les
collectivités territoriales en comptent un nombre important, sans
oublier la fonction publique hospitalière. Par ailleurs, de nombreuses
tâches d'intérêt collectif ne sont pas assurées par des agents publics.
Tous les métiers sont désormais ouverts aux filles (I)
La montée spectaculaire du taux d'activité féminin en trente ans s'est
accompagnée d'une mixité croissante des différentes professions. Pour
autant, les femmes demeurent massivement présentes dans les métiers du
service et du soin, qui constituent un prolongement au niveau
professionnel de la division sexuelle des tâches au sein du couple.
Tous les métiers sont désormais ouverts aux filles (II)
Les filles ont vu leur poids relatif s'accroître dans les métiers en
croissance, souvent qualifiés. Leur réussite scolaire leur a en effet
permis d'investir les métiers de spécialistes (médecins, juristes,
journalistes, ingénieurs, informaticiens, chercheurs...) et, dans une
moindre mesure, les postes de cadre.
Idées reçues sur l'emploi
Un quart des jeunes sont au chômage
Un jeune actif de 15-24 ans sur quatre est victimes du chômage. Mais
comme la plupart des 15-24 ans poursuivent des études, c'est en fait
moins d'un jeune sur dix qui est sans emploi. Un pourcentage encore
trop élevé.
Certaines personnes ne trouveront jamais de boulot
Malgré l'importante sélectivité du marché du travail,
la très grande majorité des chômeurs de longue durée peuvent revenir à l'emploi, pour autant qu'on les y aide.
Tous les emplois sont devenus précaires
S'il est vrai que
la précarité s'est développée sous l'effet du chômage,
le contrat à durée indéterminée demeure
la forme dominante de l'emploi salarié. Les contrats atypiques sont souvent une étape obligée pour entrer dans
la vie active. Mais l'enjeu est de créer les conditions d'une mobilité acceptée.
Le chômage, c'est
la faute aux Chinois
La concurrence chinoise a
un impact sur l'emploi dans de nombreux secteurs, mais
le chômage en France a de multiples autres causes, à commencer par
la faible croissance des économies européennes.
Les Français ne sont pas entrepreneurs
Jamais la part des salariés dans la piopulation active n'a été aussi
élevé. Et pourtant, le nombre de créations d'entreprises augmente. Ces
nouvelles entreprises sont souvent fragiles. Plus que jamais, l'accès à
des conseils adaptés et au crédit est indispensable pour assurer leur
pérennité.
Les Français ne travaillent pas assez
En moyenne, les Français travaillent moins d'heures que les Américains,
mais ils ne sont pas pour autant des "paresseux"! Leur temps de travail
est surtout très inégalement réparti. Alors que le débat social tend à
se cristalliser sur la durée du travail hebdomadaire, l'enjeu majeur
est plutôt d'élever le taux d'emploi tout au long de la vie.
Les PME ne recrutent pas de diplômés
L'image de
la PME sous-traitante vendant une main-d'oeuvre peu coûteuse et peu qualifiée tend à s'effacer derrière
la PME de spécialité, située sur une niche particulière et employant bien souvent
un personnel très qualifié, que ce soit dans l'industrie, les services ou
le bâtiment.
Les nouvelles technologies suppriment beaucoup d'emplois
Les nouvelles technologies suppriment effectivement de nombreux emplois. En ce sens, elles poursuivent
le mouvement séculaire de réallocation de
la main-d'oeuvre permis par
le progrès technique. Parallèlement, elles viennent aussi modifier
le mode d'exercice d'un très grand nombre de métiers, sans pour autant créer des millions d'emplois de "technologues".
Le recul de l'industrie a fait disparaître les emplois pénibles
Le recul de l'emploi industriel est loin d'avoir fait disparaître
la pénibilité, présente aujourd'hui, sous d'autres formes, dans de nombreux métiers du tertiaire. De fait, les enjeux liés à
la santé au travail demeurent plus que jamais considérables, comme l'illustre
la montée des troubles musculo-squelettiques ou du stress au travail.
Le travail est de plus en plus stressant
Si les situations de travail mobilisent de plus en plus
l'intelligence des individus, elles peuvent aussi engendrer davantage
de stress dans un contexte où l'engagement des salariés est sans cesse
sollicité. D'où des situations qui peuvent être stimulantes, mais aussi
engendrer un mal-être oppressant.
Les jeunes issus de l'immigration sont tous au chômage
Majoritairement en emploi, les enfants d'immigrés connaissent cependant
de plus grandes difficultés à s'insérer dans le monde du travail que
ceux de parents nés en France. Mais ces difficultés ne sont qu'en
partie dues à leurs origines, elles relèvent aussi largement de
facteurs sociaux.
La concentration va faire disparaître les PME
La concentration a fait disparaître nombre d'entreprises, mais leur
tissu se renouvelle. Les économies d'échelle sont souvent moins fortes
dans les activités tertiaires récentes que dans l'industrie, ce qui
permet à de multiples PME de prospérer. C'est pourquoi la majorité de
l'emploi et des créations d'emplois se fait aujourd'hui dans les PME.
Le départ à
la retraite des baby-boomers va supprimer
le chômage
L'évolution de notre situation démographique est favorable à l'emploi,
mais elle ne peut suffire mécaniquement à résoudre le problème du
chômage. Les départs à la retraite des baby-boomers ne sont en fait ni
une aubaine ni une calamité pour l'emploi, qui dépend aussi de bien
d'autres facteurs.
Les PME ne permettent pas de faire carrière
De par leur taille, les PME ne permettent pas toujours des évolutions
de carrière. En revanche, elles offrent aux jeunes victimes de
l'hypersélectivtié du marché du travail bien plus de chances de
progresser et d'apprendre un métier que les grandes entreprises.
Votre niveau de diplôme vous marque à tout jamais
Le marché du travail français accorde une place prépondérante au niveau atteint en fin de formation initiale. Mais l'essor de
la formation continue, en dépit de ses limites, témoigne de
la prise de conscience par les entreprises et les pouvoirs publics de
la nécessité de se former tout au long de
la vie.